J'aime beaucoup Howard Buten !
Je viens de retrouver sur mon ordi quelques citations de lui que j'avais recopiées de son livre "Ces enfants qui ne viennent pas d'un autre planète : les autistes", chez Gallimard jeunesse sorti en 1995. A chaque fois que je les lis, ça m'émeut !!
Je trouve sa vision des choses très juste, et j'adore la façon dont il parle des enfants autistes : il décrit comme personne l'émotion qu'on peut ressentir en leur présence...
Voilà quelques lignes de lui, pour que vous ayez envie de lire ses livres :
J’ai cherché ‘communiquer’ dans le dictionnaire (ceux qui savent pas ce que c’est qu’un dictionnaire n’ont qu’à chercher le mot dictionnaire dans un dictionnaire) et j’ai vu que ça voulait dire : établir une relation avec. Moi, le premier jour, j’ai senti que j’avais une relation très forte et très particulière avec les enfants autistes. Pas du tout comme les relations que j’ai avec mes autres amis. Quelque chose de spécial. [...] Mais alors, s’il est possible d’être bien avec les autistes, d’apprendre à partager leur culture, pourquoi veut-on qu’ils cessent d’être autistes pour devenir comme nous ? Une raison, c’est que les gens pensent que ces enfants souffrent d’être autistes. [...] J’aimerais que tout le monde voie les autistes pour me donner un avis là-dessus. D’après moi, ils peuvent, comme nous tous, être assez malheureux par moments – on le voit bien, quand ils se mettent à crier d’une certaine façon ou à se taper très fort sur la tête. Mais je crois que par moment, ils sont très heureux aussi. Être différent, c’est pas forcément être malheureux. Et je crois même que c’est plutôt nous qui sommes malheureux que les autistes soient différents.
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Depuis toutes ces années que je passe du temps en compagnie des autistes, des enfants-fête foraine, des enfants-surprises, j’ai l’impression de les connaître de mieux en mieux et de les apprécier de plus en plus. Il m’arrive aussi d’en discuter avec les gens. Tu as ceux qui disent que les autistes font toujours comme si on n’était pas là. Moi, plus je passe de temps avec eux, plus je m’aperçois que ce n’est pas vrai. Bien sûr, ils ne te regardent pas aussi souvent que les autres, mais quand ils te regardent, c’est avec le regard projecteur de diapos et c’est un regard qui vaut bien tous les autres, un regard qu’on ne regrette pas d’avoir attendu. Quand on va vers eux, quand on les appelle, bien sûr, c’est vrai aussi qu’ils font souvent comme s’ils ne voyaient pas, comme s’ils n’entendaient pas. Mais quand c’est un autiste qui vient vers toi, quand c’est un autiste qui t’appelle en te tendant la main ou en prenant doucement ton bras, c’est chaque fois une surprise. C’est bien les surprises, non ?
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Tu as ceux qui disent que les autistes font toujours comme si on n’était pas là. Moi, plus je passe de temps avec eux, plus je m’aperçois que ce n’est pas vrai. [...] D’autres me disent que les autistes ne jouent pas. Et c’est vrai qu’ils ne jouent pas aux mêmes jeux que les enfants à l’école. Ils ont leurs jeux à eux. [...] D’autres encore prétendent que les autistes ne font jamais de câlins et refusent qu’on leur en fasse. C’est pas vrai ! Le truc, c’est qu’ils choisissent leur moment. Et quand on leur propose un moment qu’ils n’ont pas choisi, ils sont pas d’accord. [...] Enfin, il y a plein de gens qui pensent que les autistes ne communiquent pas, que c’est le plus grand problème. Voyons ça de plus près. Évidemment, comme ils ne parlent pas, ils ne racontent pas d’histoire et ne donnent pas d’informations du genre : « T’as vu le mec sur le banc là-bas, il a un chapeau pas croyable. » [...] Mais il y a pas que ça, comme communication. Il suffit que quelqu’un nous fasse ressentir quelque chose, même sans parler. [...] Moi, les autistes arrêtent pas de me faire ressentir des choses ; chaque fois qu’un autiste me regarde, chaque fois qu’il vient vers moi, et puis encore, leur façon de se tenir. Tout quoi.
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Les enfants autistes que j’ai rencontrés, j’ai pensé qu’ils avaient une culture à eux. Qu’ils chantonnaient une musique à eux, qu’ils faisaient des bruits et c’était leur langue à eux, qu’ils se balançaient et c’était leur danse à eux. Bizarre, quoi, un peu comme s’ils venaient d’un autre pays – et même d’une autre planète. Mais justement non, ce qui est bien, c’est qu’ils sont de chez nous. On les a sous la main. Ils ont forcément plein de choses à nous apprendre, même quand ce qu’ils font nous effare. Faut savoir en profiter.
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