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Communiquer et Apprendre par Pictogrammes.

 

CAP

 

Ce livre est en fait une méthode complète qui ressemble un peu à la méthode PECS et qui permet entre autre d'apprendre à construire des phrases grâce aux pictogrammes.

Pour une centaine d'euros, vous avez une série d'exercices, des évaluations, un CDRom et plus de 1000 pictogrammes en noir et blanc.

C'est belge.

Je ne l'ai pas acheté, donc je ne peux pas vraiment vous conseiller cet achat, mais je me suis inspirée de la méthode, parce qu'une ancienne maîtresse de mes élèves m'en a parlé et qu'elle s'en est servi avec plusieurs d'entre eux quand ils étaient plus jeunes. (merci Maryse !!)

L'objectif est d'arriver à ce genre de chose : 

Sans titre-1

 

 

Je crois vraiment que c'est grâce à cette méthode que certains de mes élèves sont maintenant capables de construire des phrases à l'oral, mais aussi à l'écrit.

Grâce à cette technique, ils peuvent "visualiser" les différents mots et ainsi les mettre dans le bon ordre pour que ça ait un sens.

 

 

Le seul de mes élèves qui ne comprend pas encore vraiment l'intérêt de communiquer est en train de progresser grâce à des activités qui m'ont été inspirées pas ce livre, c'est P.

 

P. est non verbal.

Nous avons essayé de mettre en place la méthode PECS avec lui pendant des années sans succès.

P. trouve que ça va plus vite de se servir que de demander ce dont il a besoin. Et il sait qu'il réussit toujours à obtenir ce qu'il veut en se ruant dessus car même si on est 5 à se mettre entre lui et son objectif, il saura quand même l'atteindre... P. a une force à qui on a vraiment du mal à faire entendre NON.

 

Avec la méthode PECS, il faut partir des besoins de l'élève : ils disent que le but premier de la communication est de demander quelque chose dont on a besoin... il faut donc s'appuyer sur ces besoins pour entrer en communication avec les enfants autistes.

 

Quand P. va bien, il a donc compris qu'il fallait donner un picto de ce qu'il veut pour l'obtenir... (quand il va mal, il prend ce qu'il veut quand il veut et il faut vraiment être motivé pour réussir à lui refuser).

Et c'est tout.

 

Les autres degrés de la méthode PECS n'ont jamais été atteints par P.

Car P. ne comprend pas l'intérêt de communiquer.

P. n'a pas envie ni besoin de nous raconter ses vacances.

P. ne sait pas nous dire quand il a mal et où... il n'a jamais réussi à le faire, donc comment peut-il en comprendre le bénéfice ?

Et pourtant, P. est souvent très angoissé, et nous aimerions tant savoir pourquoi !!! On se demande toujours s'il n'a pas mal quelque part, si quelque chose l'a destabilisé, ce qu'on peut faire pour l'aider...

Mais sans la communication, c'est difficile de décrypter ce qui ne va pas... et ce qui va !

 

 

Tout est parti du constat que P., comme les autres jeunes de la classe, adore le cahier de vie.

Il aime regarder les photos, il en suit les contours du bout des doigts... et puis il passe sur chaque phrase écrite avec son index comme s'il lisait (toujours dans le sens de la lecture, de la Majuscule vers le point final).

P. est d'une douceur incroyable. Il est bouleversant.

 

Quand il va bien il a sourire magnifique, et ses yeux rient.

C'est tellement difficile de le voir souffrir quand il va mal, avec son visage fermé, qu'on ferait n'importe quoi pour essayer de trouver une solution pour qu'il puisse nous dire ce qui ne va pas !

 

 

P. ne vient pas longtemps en classe. Il y vient toujours avec plaisir, mais il a aussi beaucoup besoin de se dépenser et son emploi du temps en tient compte.

De plus, P. est en cours de réorientation : il ne vient plus dans notre établissement que le jeudi et le venrdredi.

Son temps scolaire est donc très réduit !

 

 

Voilà comment j'ai procédé avec lui :

 

 

Je n'utilise pas les pictos de la méthode parce qu'ils sont peu parlant et que je ne suis pas sûre que P. accrocherait... Je vise avant tout la motivation, puiqu'il a tendance à en manquer...
Il a parfaitement acquis le niveau de symbolisation pour utiliser des pictos, P. est très intelligent, mais je veux avant tout qu'il ait envie de faire cette activité...
  
Pour l'intéresser, je travaille pour l'instant avec des photos (souvent avec le cahier de vie) :

Au début, il devait répondre à la question QUI ? en duo : je lui montrais une photo et il devait me dire qui était dessus (en me donnant la photo du jeune correspondant)

Puis il a réalisé ce genre d'exercice en autonomie (désolée pour tous les flous...) :
CAP1
Il répond en collant une de ces étiquettes à côté (la consigne est visuelle puisque les fonds sont gris : on comprend aisément que la photo doit être placée dans la case vide -qui a elle aussi un fond gris)
etiquettes-reponses.jpg(Les prénoms sont évidemment écrits en entier afin que P. se familiarise avec l'écriture des prénoms de ses camarades).
L'étape suivante aurait pu être de réaliser le même exercie sans les photos, mais avec uniquement les prénoms écrits en majuscule d'imprimerie.
J'aurais alors travaillé la lecture...
J'ai essayé d'ailleurs !
Mais ça n'a rien donné : P. perdait toute envie de continuer l'exercice, il ne s'intéressait plus à mes questions en duo, et collait n'importe quel prénom à côté de n'importe quelle photo quand il était en autonomie... il avait pourtant un référent avec les photos de chaque camarade et leurs prénoms.
J'ai donc décidé de compexifier l'exercice en lui montrant des photos où on voyait plusieurs élèves.
Il devait alors répondre à une question qui spécifiait l'activité (je lui montrais les items que j'utilise pour les emplois du temps en lui posant la question).
Ex : "Qui joue au jeu des courses ?"
item1
ou "Qui travaille avec l'ardoise ?"
item2.jpg
En autonomie, l'exercice est devenu :
CAP2.jpg
Les fonds gris ont disparu puisque P. est maintenant capable de comprendre l'exercice sans cette aide.


A l'étape suivante, P. a répondu à la question QU'EST-CE QU'IL FAIT ? :
toujours avec les items de l'emploi du temps (qui sont aussi utilisés pour l'étape précédente et qui sont souvent des photos)

Je lui disais : "Que fait X ?"
C'est moi qui lui montrait la photo de X en activité, et lui me donnait l'item correspondant (tangram, ou album...)

Cette étape a été courte, car il a vite compris le principe en duo : je n'ai même pas eu le temps de le faire travailler en autonomie sur cette question !

Maintenant, il décrit lui même les photos en duo en me donnant un prénom (qu'il met dans une petite pochette bleue) et une activité (qu'il met dans une pochette rouge).
duo.jpg

En autonomie, il réalise seul et sans erreur cet exercice avec le même code couleur (bleu pour QUI ? et rouge pour QUOI ?... couleurs qui vont rester pour la suite : bleu pour les sujets des phrases et rouge pour les verbes).
CAP3.jpg
Cela donne ça :
CAP3-fini.jpg
  
Je trouve que c'est encourageant, c'est presque le début de la communication !
C'est un peu comme s'il décrivait une photo !
Pour les étapes suivantes, je compte essayer d'utiliser les pictos de la méthode afin qu'il puisse élargir son "vocabulaire"... mais ce sera en fonction de sa réaction : si je perds son intérêt, il faudra que je trouve autre chose...
L'adaptation ! Toujours !



 

 

 

 

 


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