Avant de décider de faire ce travail, il faut bien y réfléchir - quelques remarques dans cet article : Expliquer l'autisme à des élèves autistes.
1°) On m'a souvent conseillé de partir de quelque chose de « plus large »… Par exemple, pour les personnes diagnostiquées Asperger, on peut prendre comme point de départ un travail sur la différence : on est tous différents, qu’est-ce qui nous caractérise ? (idée de Stéfany Bonnot, et séquence intéressante dans le livre "Asperger, qu'est-ce que c'est pour moi ?" à voir ici.)
Le soucis avec ce livre et avec cette approche, c'est que c'est très abstrait pour mes élèves : c'est fait pour des personnes Asperger, ce n'est pas très imagé... c'est très difficile à comprendre pour des autres jeunes avec autisme.
On peut aussi partir d'albums comme ceux-ci (ce sont des exemples, il en existe d'autres) :
- Les "Timothée" : à voir ici
- Epsilon : là
- Et une BD : "Autisme - De l'éducation à l'intégration" :
Le problème est que ces livres s'adressent à un public qui n'est pas autiste, pour expliquer l'autisme à ceux qui ne le sont pas... or mes élèves le sont...
Pour eux, j'ai donc décidé de faire autrement : je suis partie du handicap.
Avec les personnages de Hoptoys (à voir là) :
J'ai commencé par lister les différents handicaps et par voir ce qu’ils en connaissent. Le frère de F., ainsi que son père, sont déficients visuels (c'est d'ailleurs grâce à cette séance que je l'ai appris). Cela nous a permis d'étoffer un peu le sujet.
On a beaucoup insisté sur le fait qu’un aveugle apprend à se débrouiller sans voir, un sourd sans entendre, une personne en fauteuil vit tout à fait comme les autres sans marcher… etc…
Puis on en est arrivés à : "Il existe aussi des handicaps qui ne se voient pas. Tous ceux dont nous avons parlé sont visibles et vite repérables, mais il en existe d’autres."
"Par exemple l’autisme."
A l'évocation du mot AUTISME, on peut leur demander :
"Est-ce que vous avez déjà entendu ce mot ? Qui a dit ce mot devant vous ?..."
2°) On va ensuite lister les caractéristiques de l’autisme.
Pour cela, et afin de bien se faire comprendre, il faut trouver des images qui expliquent ces caractéristiques.
Il en existe beaucoup, la plupart sur des brochures éditées par des associations, les images que j'ai utilisées en font partie.
Lister sans image ne sert à rien pour mes élèves : ils ont du mal à suivre l'oral, il faut donc tout illustrer...
Il vaut mieux commencer par les cartes qui caractérisent le plus les élèves de chaque classe (j'ai volontairement mis beaucoup d'images afin que toutes les caractéritiques soient ici décrites, mais il y en a trop pour les élèves ! Ne faire que les plus importantes afin de ne pas perdre leur attention !)
Chaque image choisie est montrée puis décrite et expliquée, les voilà : (celles qui suivent viennent d'un document ditribué par la CPAM de Lens que j'ai trouvé au CRA de Lille, mais que je n'ai pas réussi à télécharger sur internet - je l'ai scanné pour récupérer chaque image).
On a collé chacune de ces images successivement sur un petit tableau aimanté en les décrivant.
On a commencé par les caractéristiques les plus représentatives, on a repris souvent la liste depuis le début.
Par exemple : "Alors, quelqu’un qui est autiste : il n’aime pas les changements, il peut avoir des comportements bizarres, il lui arrive de se mordre… etc …"
Remarque : Encore une fois, cette liste est longue ! Trop longue pour la plupart des élèves avec autisme !
C’est pour cela qu’il faut commencer par les caractéristiques les plus importantes. Il est fort possible qu’on ne puisse pas tout lister : le langage n’est pas le fort des élèves avec autisme et ils n’ont pas l’habitude de supporter des phases orales aussi longues en classe.
Surtout : bien déterminer avant la séance quelles sont les images à utiliser avec chaque classe, voire avec chaque élève. Et bien sûr, s’arrêter si on les perd en route !
A la fin de cette phase, on a donc les images qu'on vient de voir (tout au moins quelques-unes) collées sur un tableau mobile. On explique bien : ça, c’est l’autisme et on écrit le titre en haut → L’AUTISME.
Il est important, pour chaque caractéristique décrite, de positiver :
Exemple : quand ils sont petits, les enfants autistes ne savent pas jouer avec les autres, mais ils peuvent apprendre à le faire en grandissant, comme l’aveugle apprend à se déplacer sans voir… etc…
3°) Si on a réussi à garder l’attention des élèves, on peut continuer. Sinon, il faut remettre la suite à une séance ultérieure où on reprendra ensemble le tableau mobile des caractéristiques principales de l’autisme avant de continuer.
Cette phase est collective et leur permettra de devenir acteur, ce qui manquait dans la phase précédente (qui est malheureusement incontournable).
Il s’agit d’un tri collectif des images suivantes :
J'ai trouvé ces images sur différentes brochures telles que :
- celle éditée par autistes sans frontières et AUTISME FRANCE lors de la journée de l'autisme le 2 avril 2010, qui avait pour titre "L'une de ces fillettes est autiste" - les images sont encore visibles ici
- celle diffusée par le CRA Ile de France (CRAIF) et ASSISTANCE PUBLIQUE - HÔPITAUX DE PARIS intitulée "Votre patient est atteint d'autisme ?" téléchargeable ici : la dernière page, L'AUTISME en images est très bien faite.
- les images qui représentent des enfants qui ne sont pas autistes ont été trouvées sur différents sites, par exemple sur celui d'hugo l'escargot à la page "vie quotidienne" ici.
- il existe d'autres brochures utilisables (je m'en souviens d'une avec des petits chats - mais ce n'était pas assez représentatif pour mes élèves, ça aurait pu les induire en erreur), il y aussi celle de Aidera Yvelines à voir ici
Pour cette séance, j'avais gardé le tableau mobile des caractéristiques principales imagées (avec les cartes bleu & rouge) en vue comme référent et comme aide visuelle.
Le tableau de la classe était séparé en deux colonnes bien distinctes.
Ne pas hésiter à utiliser un code couleur pour être explicite si on sent qu’il y en a besoin : comme dans les images utilisées précédemment les personnes autistes sont rouges et les autres bleues, on peut reprendre ce code – attention toutefois à l’utilisation de ces couleurs dans la vie quotidienne des élèves : certains assimilent le rouge à ce qui n’est pas bien et le bleu à ce qui est bien → dans ce cas éviter ces couleurs, bien sûr, afin qu’ils ne pensent pas que c’est mal d’être autiste !!
Une fois les colonnes bien explicites (mettre un titre bien sûr ! AUTISME / PAS AUTISME), chaque image est montrée, décrite et on décide de la colonne où il faut la mettre ensemble.
Bien reprendre, encore une fois, que ces caractéristiques peuvent évoluer avec le temps et que les personnes autistes peuvent apprendre à « ne plus se mordre » par exemple.
Comme dans la phase précédente, il faut commencer par les images les plus importantes et s’arrêter en cours si on sent une perte d’intérêt. (Le faire en 2 fois est possible aussi).
Le nombre d’images est volontairement très élevé : si ça passe c’est bien, mais il y a vraiment beaucoup et ce n’est pas forcément nécessaire de tous les utiliser.
4°) S'ils ne l’ont pas relevé avant (il se peut qu’ils nomment un de leur camarade quand on parle d’un caractéristique qui est très poussée chez l’un d’entre eux), on peut ici demander aux élèves s’ils pensent connaitre quelqu’un qui est autiste.
S’ils ont bien compris, ils devraient nommer les camarades de leur classe et finir par comprendre que eux-mêmes le sont (prendre les photos des élèves de la classe, et les nommer un à un : X est autiste, Y est autiste… etc… quand il ne restera plus qu’une photo et que ce sera la leur, ils comprendront : arriver à leur faire dire « Je suis autiste. »)
5°) Afin de vérifier à l’issue de ces séances ce qu’ont retenu les élèves, on peut leur donner ce référent imagé qui reprend toutes les caractéritiques vues sur une seule feuille :
Puis leur faire réaliser un tri en autonomie avec les images suivantes (qui sont celles utilisées en collectif réunies sur une seule feuille, là encore) :
Comme dans la séance précédente, il y a énormément d’images à trier ! → pour la plupart des élèves, il faudra faire un choix et n’en mettre qu’une partie !
Pour ce tri, 2 feuilles représentent les 2 colonnes AUTISME / PAS AUTISME :
Si vous avez utilisé un code couleur pour les 2 colonnes du tableau lors de la séance, il faut bien sûr le réutiliser pour ce tri et ces deux feuilles.
6°) Afin de mettre une trace écrite dans leur cahier, et afin de reprendre tranquillement tout cela en duo avec chaque élève, j’ai réalisé les documents suivants (très fortement inspirés du livre déjà cité - Asperger, qu'est-ce que c'est pour moi ?) mais ce n’est qu’un exemple de ce qu’il est possible de faire.
Etudier un album qui parle de l'autisme comme ceux cités en début de page peut être une façon de continuer ce travail si on voit que les élèves restent sur leur faim.
Remarque de dernière minute : si vous suivez ce lien, vous pourrez télécharger gratuitement une BD qui explique la trisomie et l'autisme aux jeunes. Il faut cliquer sur "LEO/LEA", c'est en pdf.